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Et voici le post de @Jean-Marc Jancovici sur LinkedIn.
💬 "A quelque chose malheur est bon : ce que des décennies de militantisme environnemental ont eu du mal (en fait ne sont pas arrivées) à contrecarrer dans une des régions au plus fort taux d'artificialisation des sols de France - la Côte d'Azur - la sécheresse va peut-être y arriver.
Dans l'Hérault, c'est un préfet qui donne un avis défavorable à un projet de golf avec un complexe touristique associé (lien dans l'image). Dans le Var, c'est un maire qui arrête de délivrer des permis de construire, et qui rationne les habitants, parce que le réseau d'eau potable ne suit pas (Les Echos).
"Vu de Mars", il est clair que si le climat doit s'assécher, et que par ailleurs les transports (qui permettent de manger même en l'absence d'agriculture locale) doivent devenir moins facilement disponibles (par baisse de la quantité de pétrole disponible et des substituts qui ne feront pas un remplacement 1 pour 1), ce n'est pas une très bonne idée de rajouter des habitants dans une région qui est déjà sous stress.
Et pour ne pas rajouter d'habitants, il n'y a pas 36 solutions : il entre autres arrêter de rajouter des logements (fussent-ils de tourisme). C'est très exactement la logique suivie par les quelques édiles évoqués dans ces articles, en refusant de délivrer des permis de construire.
D'aucun(e)s diront peut-être qu'il est liberticide de refuser un permis de construire. Certes. Mais la vie en collectivité suppose toujours que la liberté individuelle s'arrête là où commence celle des autres. C'est à ce titre que nous interdisons le tabac dans les locaux publics, les excès de vitesse - qui menacent la liberté des autres à rester en vie - ou les homicides. La bonne question est donc de savoir quelle liberté "des autres" est défendue en refusant l'installation de nouvelles constructions dans une zone donnée, car bien évidemment il y en a.
D'autres diront qu'il aurait été préférable "d'anticiper". Mais lorsque l'on se penche sur les contours pratiques de cette notion, on réalise que ce n'était pas nécessairement moins "liberticide". Fallait-il interdire de construire plus tôt, par exemple ? Fallait-il construire des réseaux d'eau avec des plus gros tuyaux et des plus grosses retenues ? Mais si la pluviométrie baisse, à un moment ça coince en amont, quelle que soit la taille des tuyaux.
En fait, cet exemple illustre bien que souvent "l'anticipation" consiste à avoir le courage de gérer des restrictions plus tôt plutôt que plus tard. La mesure à prendre n'est pas beaucoup moins "liberticide", par contre elle a le mérite de préserver ce qui devait l'être, alors que sans anticipation on finit par avoir, dans la précipitation, la restriction et les dommages.
L'arrêt des permis de construire ne fera pas malheureusement pas revenir la pluie dans le sud de la France, et il va falloir en gérer les conséquences. Mais à tout le moins cet exemple devrait nous servir de leçon pour ne pas en rajouter aux problèmes dans nombre de secteurs." 💬
▶ La recherche de bouc-émissaire comme le fait M. Frédéric Masquelier n'est clairement pas à la hauteur des enjeux. Il NOUS faut changer de politique urbanistique, touristique... pour gérer l'inévitable.